Eviter le piège mortel des départementales

Le président du Conseil général entend bien utiliser sans état d’âme le résultat des sénatoriales pour forcer le PS à négocier avec lui, peser sur les investitures d’un parti qu’il méprise et dont il ne veut plus se revendiquer.

Et comme les élections arrivent à grand pas, elles suscitent déjà, à Paris comme dans le département, bien des petits calculs. De ce que nous voyons, c'est à pieds joints que le parti socialiste se prépare à être broyé par la mâchoire composée de ses bataillons clientélistes et par les responsables socialistes répondant toujours à ses injonctions.

A Paris, nos instances nationales sont parasitées par ses responsables qui expliquent précisément l'absence de choix. Or, les élections départementales vont être compliquées pour la gauche la conjugaison d'une forte abstention, d'un vote pour le front national et d'un redécoupage couplé avec un mode de scrutin binominal et ses suppléants.

Pour tirer son épingle du jeu le Parti socialiste doit dans les Bouches du Rhône donner la preuve qu'il a changé. C'est la seule condition pour réussir une alliance des progressistes et pour faire se déplacer aux urnes un électorat totalement désabusé par les affaires.

On est loin de la position du ventre mou du Conseil général dont les élus ayant soutenu Guérini toute la mandature sont prêts à s’allier avec son parti « force 13 » pour sauver leur tête. Au nom du principe de réalité, ils sont disposés à s’asseoir autour de la table des négociations. Le Président du Conseil général entend négocier la prolongation de son mandat, renforcé par ceux qui partant battus expliquant pour se sauver « tout plutôt que de laisser la droite prendre le Conseil général » disent-ils.

Pourtant qui peut encore croire que Guérini est de gauche !

Si personne ne prend conscience du risque mortel que représente une alliance entre le PS et « Force 13 », alors nous risquons d’assister à un désastre de plus dans ce département pour la gauche et le PS. La droite va remporter la mise et la gauche va finir par devenir inexistante, alors qu’elle est déjà inaudible.

Or, précisément, le PS a besoin dans les Bouche du Rhône plus qu’ailleurs d’incarner une respiration démocratique. Il nous faut des candidats courageux qui n’hésitent pas à dénoncer le chantage aux subventions exercé depuis trop longtemps par le Président du Conseil général.

Il nous faut des candidats courageux pour tenir un discours intelligent et non caricatural sur la métropole. Non ce ne sont pas les petits villages des Alpilles ou du pays d’Aix qui vont payer la dette de Marseille. Ce risque-là sera bien plus important si c’est justement la droite qui l’emporte. Non les politiques publiques ne vont pas se tarir brutalement si Guérini n’est plus Président du Conseil général. Mais, elles ne seront plus accordées sur la base d'intérêts cachés !

Il nous faut des candidats courageux, enfin, pour faire le constat de l’image fortement dégradée de Jean Noel Guérini et pour tenir un discours de vérité sur la morale en politique et le sens de leur engagement. Ce que les politiques n’ont pas fait, se débarrasser d’un Président plombé par les affaires, les électeurs l’attendent très fortement.

Aussi, dire non à toute alliance avec Jean Noel Guérini, c’est se donner les moyens d’un dialogue rétabli et responsable avec le peuple de gauche. Et c’est sans doute la seule voie possible pour sortir d'un système de vassalités et amorcer le long chemin de la reconstruction.

Plus que jamais les deux conditions que nous avons posées au sortir des élections sénatoriales sont les seules à pouvoir nous assurer un salut. 

Quand je pense que je vais encore devoir demander le soutien de Jean-Noël…

Les départementales approchent et ce n’est pas gagné avec ces nouveaux cantons que l’on ne connaît pas. Pour l’emporter, je suis prêt, si nécessaire, à revoter pour Jean-Noël, à quémander son soutien et pourtant je le déteste et je ne le supporte plus.
Je ne supporte plus sa morgue et le rapport de force qu’il met en permanence dans toutes ses relations. Je ne supporte plus ses caricatures et ses mensonges, ses rodomontades et ses flatteries. Je sais bien, au fond, qu’il se moque de l’intérêt général, qu’avec lui on est au degré zéro de la politique. Il n’a jamais compris que le clientélisme et la menace n’étaient pas les seuls leviers possibles pour réussir, mais il n’a jamais su faire autrement.

Pourtant il m’a aidé. A un moment j’ai eu besoin de lui, il sait si bien me le rappeler. Il a aidé ma commune aussi, il a été magnanime. J’en suis un peu honteux vis-à-vis de mes collègues, j’ai l’impression qu’il a noué une relation particulière avec moi, une relation dont je ne voulais pas, je voulais juste les subventions. Ceci dit, avec lui, je joue au petit jeu de critiquer tout le monde. Il adore ça et pour quelques milliers ou millions d’euros en plus, ou des places, des postes, des emplois, ça ne mange pas de pain. Ils font tous la même chose…
Quand je pense qu’entre nous, sans témoin, on est si prompt à condamner ses dérives et ses postures. Il arrive même qu’on montre un peu les muscles et sans l’avouer on envie ceux qui osent lui résister ou le contredire.
Donc je vais être obligé, si je veux garder ma place, de m’asseoir avec lui autour de la table de négociation. Je veux être sûr qu’il ne me mettra pas de candidat en concurrence, il peut me faire perdre et il faut absolument que je me qualifie pour le second tour. Je le connais, il va savourer ce moment et il me jouera la scène du grand pardon avec son couplet éculé sur la nature humaine. Et quand je vais revoter pour lui à la présidence du Conseil général, je ne pourrais pas faire autrement, je serai même obligé de lui montrer mon bulletin, comme un petit garçon qui montre s’il a les mains propres, dès fois qu’il ait un doute sur mes intentions.

Mais je m’en fous, le principal c’est de gagner et s’il est toujours en piste, ce n’est pas de ma faute. Au nom de la morale, je ne vais quand même pas jouer les chevaliers blancs, et pourquoi moi d’ailleurs ? Mes collègues ne le feront pas davantage.
Alors c’est sûr il va falloir que j’explique à mes électeurs qu’en dépit des affaires qui nous plombent depuis 5 ans, je vais encore me ranger derrière lui. Ils n’y comprennent rien à la politique ceci dit nos concitoyens et si je compte les élus condamnés qui sont revenus je me dis qu’on ne sera pas les seuls à faire quelques entorses à la morale.
Mes électeurs vont aussi me dire qu’il n’est pas de gauche, qu’aux municipales à Marseille il a noué de drôles d’alliance et qu’il crache sans arrêt sur le PS. Je leur répondrai que c’est de la tactique et qu’il est le maître dans ce domaine-là.

Voilà, je vais demander le soutien de Guérini alors que ça fait des années que je le critique, alors que je sais qu’il n’est pas à la hauteur, alors que je désapprouve vraiment ce qu’il a mis en place, alors que je sais que la justice va finir par le rattraper…
La politique est un monde cruel où l’on n’a pas d’ami. Avec Jean-Noël on oublie aussi ses convictions, on devient plus cynique, plus politicien, plus désabusé.

Et surtout, surtout, on oublie le courage, on devient lâche, mais ça je le dis des autres, car au fond, ça ne me concerne pas. Et même s'il fallait désigner un socialiste à la fédération comme candidat chef de file, je le ferai tout en sachant que c'est une galéjade pour éviter d'affronter la réalité. Surtout qu'on ne manquerait pas de désigner l'un d'entre nous qui, comme moi, aura passé toute la mandature à soutenir Jean-Noël sans jamais l'once d'une critique publique, mais, sait bien, qu'à l'arrivée il faudra se coucher.


Voyage dans la tête des conseillers généraux socialistes soutiens de

Garder les clés du coffre-fort à tout prix

Jean-Noël Guérini cherche preneur. Il ne s’attendait pas à voir le PS sauver sa tête (de liste). Il a compris que  dans une élection classique, il risque bel et bien de connaître le même sort que son ancien collègue Kucheida.
D’autant plus preneur, que le maire de Marseille vit à ses dépens, que réhabiliter le président du Conseil général en quelqu’un de fréquentable, était loin de faire ses affaires, et jure, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus.
Aussi, autant faire ce que l’on fait depuis des années : fort de ses 3 sénateurs, s’entendre avec Jean-Christophe Cambadélis doit être de l’ordre du possible.  Ce n’est pas la fédération restée aux mains de ses vassaux qui poussera des cris d’orfraie. Trois sénateurs ça peut fluidifier une relation et permettre de trouver les conditions d'une majorité départementale capable en mars prochain de sauvegarder l’essentiel et, le cas échéant, de faire plier les récalcitrants.
Car c’est bien de cela dont il s’agit : garder les clés du coffre-fort. D’autant plus que, si nous avons été les premiers à parler du clientélisme institutionnel de l'aide aux communes, l’addition des millions dépensés ou promis, en sous-estime toujours l’ampleur.
Au titre de l'aide aux communes le département a inscrit 140 M€ au Budget Primitif 2014, mais il est sur le point de rajouter et faire voter une Décision Modificative de 240 M€ supplémentaires, soit un total de 380 M€ ! Inutile de dire qu’à l'heure où le département, comme toutes les collectivités, doit faire face à une raréfaction des recettes et une augmentation des dépenses, ces arbitrages ne passent pas inaperçus. Pourtant la Préfecture continue de regarder ailleurs et ne trouve rien à redire. Preuve que le clientélisme est institutionnalisé.
Ce sera donc aux électeurs de sanctionner ces pratiques. Les positions que nous avançons (Lire ici) ont plus que jamais le mérite du courage et de la clarté.
Encore faudrait-il que notre Parti se décide enfin à suivre cette voie, sans écouter les obligés du système.


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Le texte fondateur du 27 mars 2011

La situation actuelle nous impose d’agir



La réalité est cruelle. Les résultats des élections cantonales sont catastrophiques. Notre Parti est déphasé par rapport au reste du pays. Nous perdons des sièges, alors que nous devrions en gagner. Et, pire encore, nous perdons notre âme en laissant un espace politique béant devant la droite et le Front national.



Tous les jours nous découvrons par la Presse qu’un système a été mis en place et que notre territoire cumule :


* des pratiques népotiques ; quand il y a confusion des intérêts privés avec ceux de la collectivité ;


* des pratiques corruptives ; qui caractérisent l’utilisation abusive de biens publics ;


* des pratiques claniques ; quand les soutiens sont régulièrement accordés à certains réseaux d’influence ;


* des pratiques autoritaires ; quand les arbitrages sont rendus sur des intérêts autres que ceux guidés par l’intérêt général ;


* des pratiques clientélistes ; quand les pratiques visent à se constituer des obligés par distorsion de la nécessaire proximité.




Cette rupture du principe d’égalité entre les citoyens tellement loin du "socialisme des comportements" que Léon Blum appelait comme une exigence, constitue un facteur puissant de rejet de nos concitoyens, tout particulièrement les plus défavorisés. Cette crise de valeurs nous rend incapables d’être attractifs pour les batailles futures aussi bien dans le département, que pour la ville de Marseille. Nos idées et nos valeurs socialistes sont confisquées et instrumentalisées.


Pour nous militants socialistes des Bouches du Rhône, toutes ces pratiques déviantes doivent être proscrites et des enseignements de la situation présente, tirés sans mesure dilatoire. Continuer à agir comme si de rien n’était, est une faute politique majeure, que nos concitoyens ne manqueront pas de nous reprocher.



Aussi, nous demandons de façon immédiate :


* de faire appliquer les statuts de notre Parti. Article 16.1 (Les fonctions de Président(e) de Conseil général sont incompatibles avec celles de Premier Secrétaire fédéral.) ; de ce fait, annuler l’élection du dernier trimestre 2010, en se laissant le temps d’organiser une nouvelle élection ;


* avant le rétablissement d’un fonctionnement démocratique exemplaire, suspendre tout vote organisé par notre fédération dont celui convoqué le 29 mars 2011 ; de ce fait, procéder à la désignation de notre candidat à la Présidence du Conseil général telle que prévue par le Code général des collectivités territoriales en proscrivant toute procuration et en accord avec nos partenaires politiques naturels au bénéfice d’un candidat dont le mandat aura été renouvelé lors des scrutins des 20 et 27 mars ;


*rendre impossible à titre provisoire, la tenue d’une responsabilité fédérale (à partir de secrétaire de section) avec celui de salarié d’une collectivité dont nous assurons l’exécutif ; prendre la responsabilité de l’établissement de la liste des adhérents de la fédération ; suspendre le rôle de la fédération dans le processus de désignation des candidats aux prochaines élections.



Etre militant politique, élu ou non, n’est pas un coupe file pour passer devant nos concitoyens que l’on prétend servir. Par une action résolue, notre Parti saura faire preuve de lucidité et porteur d’une nouvelle exemplarité, sans rester les bras croisés face aux évènements.


Notre tâche ne fait que commencer, nous voulons le renouveau du Parti socialiste dans les Bouches du Rhône, il est donc fondamental de se donner des règles qui seront constitutives de la reconstruction de notre fédération.


Nous voulons libérer le Parti et d’abord nous libérer nous-même des habitudes et des formes de dépendances à l’égard de groupes de pressions ou d’élus qui ont bâti autour d’eux, à des fins d’investitures, de véritables « machines » qui n’ont plus rien à voir avec le Parti dans lequel nous sommes librement engagés.



A chaque adhérent(e) libre de notre fédération socialiste de rejoindre le mouvement, d’ouvrir le débat dans sa section, de faire connaître sa volonté de mettre fin aux pratiques déviantes, de faire des propositions dans le respect mutuel pour que la peur change de camp et le renouveau trouve une réalité, au-delà des maux.



Version téléchargeable.


Nos propositions pour sortir de l'impasse